L’histoire de la section et du socialisme à Colomiers depuis 1945
A la Libération, Eugène Montel, issu de la résistance, est élu maire à l’appel du Parti Communiste qui constitue en 1945 la principale force politique de la commune avec près de 40% des voix alors que localement les socialistes de la S.F.I.O. n’ont pas de tradition électorale. En effet, ils représentent environ 18%, les radicaux 17%, le MRP 25%. L’accession d’Eugène Montel à la mairie constitue une rupture par rapport à l’entre-deux-guerres puisque la vie politique columérine était jusqu’alors dominée par les radicaux (Marini, Collonges) et la droite en la personne d’Eugène Calvet qui était alors le maire.
Pour réussir son implantation, Eugène Montel s’appuie sur quelques socialistes parmi lesquels Alabert qui devient son premier adjoint, Paul Durrieu (le directeur de l’école des garçons) et André Raymond (le père d’Alex). En 1947, dans le contexte de guerre froide, suite à la décision de Staline, c’est la rupture avec les communistes. Ainsi, lors des élections municipales, Eugène Montel conduit une liste composée de socialistes S.F.I.O. (comme Alabert et Durrieu), de radicaux (Richou et Morzelle) et de modérés comme Anne Laffont. Cette date marque pour le Parti Communiste le début d’une longue période durant laquelle il est absent du Conseil Municipal jusqu’en 1983.
Avant 1965
Deux orientations dominent la période avant 1965 / 1966 : assumer et développer l’implantation locale des socialistes de la S.F.I.O. mais aussi moderniser et aménager Colomiers.
Eugène Montel, désormais Maire et Président du Conseil Général de la Haute Garonne depuis 1946 – élu en remplacement de Vincent Auriol devenu Président de l’Assemblée Nationale puis Président de la République en 1947 – s’appuie sur le secrétaire de section, Alex Raymond, pour poursuivre son implantation par une politique dynamique en faveur de l’école publique, par la création du cercle laïque, par l’action sociale (avec l’aide d’Anne Laffont), par le développement industriel… aussi moderniser et aménager Colomiers.
Elu député de la Haute Garonne en 1951, Eugène Montel dirige le conseil municipal qui compte des hommes comme Marcel Lécussan, Jean Vauchère, Joseph Ephrem. Alex Raymond y fait son entrée en 1953 avant de devenir premier adjoint en 1959. C’est à ce moment là qu’est adopté le Plan d’Urbanisme (aussi appelé Plan Viguier du nom de l’architecte) qui institue « Colomiers – Ville Neuve ». Ce projet fixe les grands principes et les grandes lignes du développement et de l’aménagement de la commune telle qu’elle est aujourd’hui.
A cette époque, on peut dire que l’implantation des socialistes dans la commune est devenue forte comme en témoigne le « non » à De Gaulle lors du référendum de 1958. En mars 1965, la liste composée de socialistes et de modérés est aisément réélue, l’opposition étant représentée par le Parti Communiste.
Le 21 janvier 1966, cette page de l’histoire de Colomiers se tourne avec le décès d’Eugène Montel qui, après l’hommage de la population, est remplacé à la tête de la municipalité par Alex Raymond.
1966 – 2001
La succession d’Eugène Montel au Conseil Général ainsi qu’au Palais Bourbon fut très disputée entre élus toulousains et Alex Raymond. En effet, en 1966, Louis Bazerque, le maire de Toulouse, fut candidat contre Alex Raymond qui fut désigné par les militants socialistes (après une séance houleuse qui s’est déroulée dans la salle des fêtes de Fontaine – Lestang), avant d’être élu conseiller général.
A cette époque, le secrétaire de la section était Guy Bize. En 1968, il est remplacé par Tony Briançon. L’année suivante, la mobilisation de la section contre le référendum organisé par le Général De Gaulle est importante. Après la victoire du « non » et la démission du chef de l’Etat, les élections présidentielles sont un échec puisque le candidat socialiste, Gaston Deferre, arrive quatrième, derrière Pompidou, Poher et le communiste Jacques Duclos. Au second tour, refusant de choisir entre Pompidou et Poher, le Parti prône le refus de vote. Ce fut la première escarmouche entre certains élus qui voulaient voter Poher et la section alors que Defferre n’avait obtenu qu’un faible score à Colomiers (11 % des voix).
Lors des élections municipales de 1971, deux listes sont en présence : la liste socialiste conduite par Alex Raymond qui obtient 80% des suffrages et la liste du Parti Communiste qui obtient 20 %. Sur les 27 élus que compte la municipalité, 15 nouveaux font leur entrée au conseil municipal parmi lesquels Bernard Sicard, Bernard Gillard, Louis Galy, André Colomes, Lolita Briançon et Jean Vauchère devenant le premier adjoint d’Alex Raymond.
Durant cette année 1971, la section s’est réunie à de multiples reprises pour débattre en vue de la préparation du congrès d’Epinay ; congrès au cours duquel fut crée le Parti Socialiste avec comme Premier Secrétaire François Mitterrand qui, l’année suivante, fut accueilli à Colomiers pour sa première venue en Haute Garonne comme chef de file des socialistes.
Dans ces années 1970, la vie de la section est intense, le débat est permanent : préparation du programme socialiste « Changer la vie », élaboration du programme commun de la gauche, journée de formation fédérale organisée au Hall Comminges sur le thème « Qu’est ce qu’une municipalité socialiste ? » (1976), réunion publique « En direct avec les élus » sur l’action municipale à Colomiers avec la participation importante de la population… En 1974, à l’occasion de l’élection présidentielle, les camarades de la section participe activement au grand meeting organisé au Stadium de Toulouse.
Les élections municipales de 1977 ont fait l’objet d’un différend important entre le Secrétaire de Section, défendant les consignes nationales d’Union de la Gauche, et la tête de liste, Alex Raymond – désormais député depuis 1973 avec comme suppléant Jean Vauchère – qui refusait toute alliance avec le Parti Communiste. Après deux mois de conflit, la section a tranché en faveur d’Alex Raymond après l’engagement de conduire une liste composée exclusivement de socialistes ; liste qui l’emporte avec 75% des suffrages contre 25% pour la liste communiste conduite par Gisèle Hertz. De nouveaux élus font leur entrée au Conseil Municipal comme Louis Germain, René Piquemal, Armand Burlin, Claudine Mulazzi, René Lupis. ; Bernard Gillard, René Piquemal et Bernard Sicard ayant été nommés adjoints. Avec l’appui des élus, la section poursuit son implantation dans la commune en faisant un effort important vers le monde associatif (Léo Lagrange), les parents d’élèves (F.C.P.E.), le cercle laïque, le Centre d’Activité Culturelle (C.A.C.), le sport…
Aux élections législatives de 1978, Alex Raymond est élu avec 63,51 % des voix contre Jean Diebold et aux cantonales, il est élu sur le canton de Toulouse III alors que Jean Vauchère est quant à lui élu dans le canton de Toulouse XIII qui comprend la commune de Colomiers.
Lors du Congrès de Nantes, les mitterrandistes deviennent majoritaires en Haute Garonne. Henri Saby et Tony Briançon sont Premiers Secrétaires de la Fédération alors que Guy Laurent et Yves Anesi sont élus Secrétaire de la Section de Colomiers.
Mais, en 1979, lors du Congrès de Metz, l’opposition entre François Mitterrand et Michel Rocard est totale, les deux hommes s’opposant pour être candidat aux élections présidentielles de 1981 ; le parti débattant de son projet après la rupture avec le Parti Communiste. A Colomiers, la section se prononce massivement en faveur de François Mitterrand, Guy Laurent est donc réélu Secrétaire de la Section. Un gros effort pour apporter davantage d’information a été engagé, notamment par la publication d’un bulletin interne intitulé « Le Poing et la Rose », et les militants de la section se mobilisèrent pour faire triompher François Mitterrand le 10 mai 1981 à Colomiers où il obtient 71 % des suffrages.
Après avoir refusé un poste de Ministre, Alex Raymond est réélu Député, en juin 1981, dès le premier tour. Il devient alors Président de la Région, remplaçant à ce poste Alain Savary, nommé Ministre de l’Education Nationale.
Les élections municipales de 1983 marquent un tournant politique important avec la présence de cinq listes dont une de droite conduite par le Dr. Masson qui obtient 25% des suffrages et 5 sièges. De son côté, pour la première fois depuis 1945, le Parti Communiste, avec 12% a deux élus dans la nouvelle assemblée municipale qui compte également un élu issu d’une liste autogestionnaire. La liste socialiste l’emporte avec seulement 53% des voix soit 27 sièges, Henri Molina et Guy Laurent faisant leur entrée au Conseil municipal, ce dernier étant remplacé par Joël Lannes comme Secrétaire de Section.
1985 fut à la fois l’année du Congrès Socialiste à Toulouse, mais aussi la première défaite d’Alex Raymond lors des cantonales contre Jean Diebold, après une campagne active du maire de Toulouse, Dominique Baudis. De son côté, Jean Vauchère est réélu dans le canton de Toulouse XIII avec 60 % des suffrages contre M. Russier. Mais l’année suivante fut particulièrement éprouvante et difficile. Avec l’instauration de la proportionnelle et le scrutin de liste, la liste de droite conduite par Dominique Baudis obtient la moitié des sièges, l’autre moitié allant à la liste socialiste conduite par Alex Raymond. Tête de liste des socialistes lors des élections régionales qui se déroulent simultanément, le maire de Colomiers perd aussi la tête de la Région. Mais, l’invalidation des élections législatives va amener Lionel Jospin, alors Premier Secrétaire du Parti Socialiste, à conduire la liste socialiste ; Alex Raymond préférant se retirer pour se consacrer entièrement à sa fonction de Maire de Colomiers. Guy Laurent remplace Joël Lannes comme Premier Secrétaire, tout en assurant le poste de Secrétaire aux sections de la Fédération.
Dans cette période difficile, François Mitterrand obtient néanmoins 47,78% des suffrages au premier tour des élections présidentielles de 1988 et 67,18% au second. Le candidat socialiste, Jacques Roger-Machard qui a été investi avec quelques voix d’avance sur Alex Raymond, est élu député de la 5° circonscription. Malgré tout, en 1989, alors que quatre listes sont en présence, la liste socialiste conduite par Alex Raymond l’emporte avec 69,08% et comporte 31 élus. La nouvelle assemblée municipale compte deux élus de droite (M. Russier), un élu centriste (Sagrista), le communiste Max Condat étant élu avec 9,3 % pour la liste communiste.
En 1990, lors du congrès du Parti Socialiste de Rennes, la majorité de la section quitte le courant « Mitterrand – Jospin » pour se rallier au courant Fabius. Roland Terrail devient alors le Premier Secrétaire de la section avec le soutien de Jean-Claude Traval, Louis Germain et Françoise Imbert.
En 1993, le candidat de la Section, Louis Germain n’obtient pas l’investiture socialiste contre le député sortant Jacques Roger – Machard qui, aux élections législatives, est battu par Grégoire Carneiro malgré les 53,13% de Colomiers en faveur du candidat socialiste.
En 1995, un débat important anime les réunions du Parti puisque deux candidats sollicitent le suffrage des militants pour être candidat à l’élection présidentielle : Henri Emmanuelli, Premier Secrétaire National, qui a reçu le soutien de notre section et de la grande majorité des élus et Lionel Jospin qui est finalement investi candidat. Le candidat socialiste réalise 34,43 % à Colomiers lors du premier tour de l’élection présidentielle et 59,99 % au second.
En juin 1995, se déroulèrent les élections municipales qui virent se confrontés 5 listes : une liste de droite conduite par P. Ansiaux (33,45%), une liste des radicaux de gauche menée par G. Debuisson (11,84%), une liste communiste avec P. Seube comme tête de liste (8,17%), une liste d’extrême gauche (3,82%) et la liste socialiste menée par Alex Raymond qui obtient 42,72%, en ballotage pour la première fois lors d’une consultation municipale. Au second tour, une liste d’union entre le Parti Socialiste et le Parti Communiste est réalisée (le radical Guy Debuisson n’ayant pas souhaité s’allier aux autres partis de gauche). Ce dernier obtient 11,26 % des voix, la liste conduite par Alex Raymond l’emportant avec 48,15 %, la droite recueillant 40,61% (soit l’un de ses meilleurs scores à Colomiers).
La même année, Gérard Houllion devient Secrétaire de Section jusqu’en 1997 ; date à laquelle Jean Claude Traval en prend la direction et la gardera jusqu’en 2008.
Lors des élections législatives de 1997, qui ont vu la victoire de la gauche plurielle menée par Lionel Jospin, la 5° circonscription est réservée par le Parti Socialiste à une femme. Françoise Imbert est élue députée en obtenant 40,39% des voix au premier tour, 65,66% au second.
Au niveau local, Bernard Sicard, premier adjoint depuis 1995 est élu conseiller général, succédant ainsi à Jean Vauchère en obtenant 44,95% au premier tour et 67,49% au second contre le candidat de droite P. Ansiaux qui recueille 32,50%. Comme au niveau national, en mars 2001, Bernard Sicard mène une liste de gauche plurielle caractérisée, pour la première fois pour des élections municipales, par l’union de la gauche dès le premier tour. Cette liste comprenant des socialistes, des communistes, des verts, un radical de gauche et des membres de la société civile l’emporte avec 82,86% des suffrages. Après 35 ans de mandat, Alex Raymond cède son fauteuil de maire à Bernard Sicard.
Lors des élections présidentielles de 2012, dans la continuité des primaires citoyennes, les militants de la section se sont mobilisés pour mener une active campagne de terrain. Ainsi, à Colomiers, au premier tour, avec 37,05 % des suffrages, François Hollande a largement devancé ses adversaires : Nicolas Sarkozy (19,15%), Marine Le Pen (15,27%) et Jean-Luc Mélenchon (13,40%).
Au soir du 6 mai 2012, François Hollande est élu Président de la République, en ayant recueilli à Colomiers 63,62% des voix contre 36,38% pour Nicolas Sarkozy.
Dans la foulée se déroulèrent les élections législatives. Portée par la victoire de François Hollande, Monique Iborra arrive en tête au soir du premier tour avec 45,42% des voix. Le 17 juin 2012, elle devient députée de la 6ème circonscription en dépassant largement la candidate de la droite, Jocelyne Vidal (68,97% contre 31,03%).
Au Congrès de 2012, organisé symboliquement à Toulouse, la majorité de la section se prononce en faveur de la motion 1 majoritaire portée par Harlem Désir qui devient Premier Secrétaire National du Parti Socialiste.
L’histoire de notre section et de notre ville est marquée, le 13 juin 2013, devant plus de 300 militants réunis à la salle Gascogne, par l’annonce de Bernard Sicard, élu municipal depuis 43 ans et maire de Colomiers depuis 2001, de ne pas briguer un nouveau mandat lors des élections municipales de mars 2014. Très émus par cette annonce, de nombreux militants et sympathisants présents dans la salle sont intervenus pour lui exprimer leur sympathie et leur grande affection. Tous ont remercié Bernard Sicard pour son engagement constant auprès des Columérins depuis plus de 40 ans et ont salué son action dans la continuité de ses prédécesseurs Eugène Montel et Alex Raymond.
Dans une démarche d’échange et d’ouverture, les militants socialistes de la section étaient alors déjà en mouvement pour construire un projet pour l’avenir de Colomiers. Lors d’ateliers de travail et de réflexion collective, ils ont porté leur regard sur les réalités de notre ville aujourd’hui et fait des propositions concrètes permettant de répondre aux attentes des Columérines et des Columérins, dans le respect de nos valeurs ancrées à gauche.
Le 10 octobre 2013, Karine Traval-Michelet, qui s’était déclarée candidate à l’investiture, est désignée par le vote unanime des militants pour conduire la liste socialiste aux élections municipales de mars 2014, une liste de rassemblement, largement ouverte aux représentants de la société civile.
Cette élection se déroule dans un contexte politique difficile tant nationalement que localement, marquée par une division de la gauche. Au soir du premier tour, le 23 mars 2014, la liste Générations Colomiers conduite par Karine Traval-Michelet arrive en tête avec 36,19% des suffrages, devant la liste « Vivre Mieux à Colomiers » conduite par Patrick Jimena (25,95%) et la « Gauche Rassemblée » (12,63%), la liste de la droite et du centre « Ensemble pour Colomiers » conduite par Damien Laborde obtenant quant à elle 23,24% des voix.
Après une active campagne de terrain durant laquelle de très nombreux militants et sympathisants se sont mobilisés, le 30 mars 2014, la liste Générations Colomiers l’emporte de 198 voix (40,62% soit 28 élus) sur la liste « Vivre Mieux à Colomiers » (39,30% soit 7 élus) et la liste « Ensemble pour Colomiers » (20,08% soit 4 élus). Le 5 avril 2014, Karine Traval-Michelet est élu Maire de Colomiers, succédant ainsi à Bernard Sicard.
Pour les élections européennes qui se déroulent le 25 mai 2014, sur les 25 listes en lice, la liste PS / PRG menée par Virginie Rozière (PRG) arrive en tête avec 22,41% des voix devançant les listes FN (20,42%), EELV (14,45%) et UMP (13,56%).
Elue sur la liste « Générations Colomiers », Elisabeth Maalem démissionne de la tête de la section après les élections municipales. Fabien Jouvé, qui a dirigé la campagne municipale de l’équipe « Générations Colomiers », est élu par les militants pour lui succéder comme secrétaire de section.
Merci à notre camarade Tony Briançon d’avoir puisé dans ses souvenirs pour nous faire revivre cette histoire du socialisme à Colomiers.